Sous influence
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2017,0589:01 - 10/07/2017
Lâcher prise pendant les vacances... Est-ce réellement ce qui nous attend ? Rien n’est moins sûr. L’activité neuronale ne prend pas de repos. La neurobiologie veille...
De la lecture, pour s’évader ? Oui mais c’est sans compter sur la stimulation des circuits neuronaux spécialisés. Les neurones propres à l'analyse de l'écriture cherchent à « reconnaître ». Le cerveau adapte la distance parcourue par l’œil à la taille des caractères ; mon œil dépendant de l’architecture du cerveau va très certainement avancer d’environ sept à neuf lettres à chaque fois. L’intrigue est cérébrale ; les circuits neuronaux déchiffrent. Me voilà acteur et auteur de roman policier.
Sur le transat, un masque mais pas de tuba ? Rien de mieux qu’un serious game pour utiliser la réalité virtuelle et la simulation comme moyens de mon « développement professionnel continu ». Un jeu thérapeutique va me permettre une mise à niveau sur des programmes de rééducation fonctionnelle ; ils peuvent être innovants et conviviaux. Ils se développent, il faudra les proposer, avec l’usage des outils numériques, aux patients.
Un peu d’activité physique ? Du kayak, par exemple, mais pas trop. La libération d’acétylcholine au niveau des cellules synaptiques se surajoutera aux contractions permanentes qui me permettent déjà de tenir debout.
Un peu de marche ! Elle est automatique ; il est vrai qu’en fin d’année, à force de marcher comme un automate, on finit sur les genoux. Que de forces pour propulser un corps ! Que ce soit pour accélérer ou ralentir. La mécanique locomotrice serait sous l’emprise d’une organisation stratégique que l’on met en place inconsciemment lors de nos déplacements... La poésie de la marche c’est la promenade ; je partirai en ballade, après avoir déconnecté ma montre, pour philosopher en marchant ou marcher en philosophant. La double tâche n’est pas loin...
Et le sommeil ? Apparemment inactif, le cerveau ne l’est pas. Il se débarrasse de tout un tas de choses, notamment des toxines accumulées. Il me prémunit ainsi des pathologies dégénératives. Dormir permet au système sanguin cérébral de purifier le fluide cérébro-spinal. Les déchets seront éliminés dans le foie. C’est une bonne raison pour en prendre soin de celui-là. Il paraît que le cerveau attend de pied ferme le remboursement de la dette de sommeil. Cet été, je la solderai !
Les dimensions physiologique et neurobiologique de toutes nos activités ne nous laissent décidemment pas de repos.
Finalement, je vais tout faire pour perdre pied sans perdre la tête. Un bon moyen pour prendre le large !
Bonnes vacances ! Bonne lecture !