Prévention des troubles morphostatiques du jeune nageur (3e partie)
Nathalie Rouyer
Kinésithér Scient 2014,0555:43-44 - 10/06/2014
Membres inférieurs et rachis lombaire
Physiopathologie
■ Le complexe lombo-pelvi-fémoral (fig. 16)
Figure 16 Incidence d'une malposition sur la statique des membres inférieurs et du rachis lombaire |
Le maintien de l’hyperextension du rachis lombaire pour assurer la flottaison des membres inférieurs, la mauvaise position de la tête par rapport au corps, ou les virages, sont autant d’origines à la lombalgie du nageur. L’utilisation de la planche, du pull boy ou des palmes peut amplifier ce phénomène.
L’intensité des entraînements met en charge les structures postérieures. D’après l’étude de Kaneoka et al. [16] sur des nageurs de haut niveau, la pratique excessive de la natation entraîne l’altération des disques intervertébraux, principalement en L5-S1, sans corrélation particulière entre les symptômes et le style de nage.
Pour Hangai et al. [17], la pratique de la natation de compétition pendant la jeunesse peut en être la cause.
Pollard et Fernandez [12] montrent que 33 % des papillonneurs et 22 % des brasseurs font l’expérience d’une lombalgie. Ceci est lié à l’ondulation et à la répétition de flexion et d’hyperextension du rachis, pour développer la force des membres inférieurs afin d’assurer l’élévation des épaules et la respiration.
Au niveau de la hanche, l’hypoextensibilité des fléchisseurs limite l’extension, compensée par l’antéversion du bassin et l’hyperextension du rachis. L’antéversion augmente les compressions facettaires, induisant inflammation, contracture réflexe, puis chronicisation de la lombalgie. À long terme, les fractures des articulaires postérieures peuvent survenir, aboutissant à des spondylolisthésis.
En crawl et en dos, l’anomalie de roulement du corps entraîne des torsions et prédispose aux douleurs aiguës.
Enfin, l’idée reçue « c’est bon pour le dos » persiste dans les mœurs, et les médecins conseillent la natation chez les scoliotiques. Cependant, il existe à l’heure actuelle un débat : la prédominance des membres supérieurs, leur déséquilibre musculaire et les torsions répétées du rachis sont, dans le cadre d’une pratique jeune, des facteurs d’aggravation de la scoliose [12].
■ Les genoux
Les douleurs de genoux sont présentent chez le brasseur. Leurs causes sont liées à la dynamique du mouvement et non à des troubles morphostatiques : en brasse, l’enchaînement rapide de valgus, varus, extension entraîne l’étirement, puis la contraction des adducteurs avec une compression du compartiment interne du genou [12, 13, 18-22].
Prévention
■Correction de l’antéversion du bassin et de la lordose lombaire
Exercice 10 : étirement du psoas (fig. 17)
Figure 17 Étirement du psoas |
L’hypertrophie du psoas provoque, au cours de la nage et par inversion de point fixe, une hyperlordose lombaire. L’assouplissement de ce muscle permet donc d’éviter cette compensation.
• Position de départ : en chevalier servant, les mains entrelacées sont positionnées sur la tête. Le bassin est verrouillé, le menton rentré, la tête érigée.
• Action : à l’expiration, tendre les bras paumes tournées vers le plafond, doigts entrelacés, et augmenter la flexion de la jambe antérieure en maintenant le bassin verrouillé.
Exercice 11 : étirement du droit fémoral (fig. 18)
Figure 18 Étirement du droit fémoral |
De même, la rétraction du droit fémoral fixe l’antéversion du bassin de part son insertion proximale.
• Position de départ : debout, en appui unipodal sur le membre inférieur controlatéral, le genou légèrement fléchit et le bassin verrouillé, tenir le pied du membre homolatéral dans la main.
• Action : maintenir le verrouillage du bassin et pousser avec le genou homolatéral en flexion maximale vers le bas et vers l’arrière.
Suite dans notre prochain numéro
© N. Rouyer