Jamais plus comme avant, et pour toujours...
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2018,0595:01 - 10/02/2018
Les maladies chroniques seraient-elles la rançon du vieillissement de la population ? 20 millions de Français en souffrent. Diabète, asthme, Parkinson, Alzheimer, obésité, cancer, sida ou sclérose en plaques... Ces maladies que l’on sait soigner mais pas guérir. Les progrès ne doivent pas occulter les défis qui se présentent aux professionnels de santé : soigner les maladies chroniques c’est aussi savoir accompagner les patients qui ne seront jamais plus comme avant, et pour toujours.
Les avancées de la recherche concourent à diagnostiquer mieux et plus précocement certaines maladies. S’agissant de Parkinson, l’analyse des troubles du sommeil et leur quantification permettrait d’ouvrir une fenêtre sur le pronostic ultérieur. En permanence, les traitements évoluent et changent. Les maladies chroniques participent du progrès, peut-être de manière inégale : l’hépatite C se guérit, le traitement du diabète de type 1 avec un pancréas artificiel contrôlé par ordinateur, capable de réguler la glycémie, va considérablement changer la vie des malades. Pour la sclérose en plaques, les chercheurs ont identifié une molécule qui a une action inhibitrice sur la re-myélinisation. Cette molécule devient une cible thérapeutique très prometteuse pour le développement de traitements re-myélinisants.
Quels que soient les progrès, le traitement est indispensable. Le système hospitalier est performant pour traiter les maladies aiguës, pour gérer les situations de crise. Une étude(1) a montré que le séjour à l’hôpital soulage le patient du poids que représente la maladie. Or, avec les maladies chroniques, il s’agit aussi, voire surtout, d’apprendre au patient à se soigner et de le responsabiliser. L’hôpital n’est pas le lieu pour cela. C’est le rôle du professionnel de santé libéral, qui prend le relais dans la durée, pour une meilleure efficacité – l’étude le montre également.
De retour à son domicile, c’est l’éducation thérapeutique contextualisée qui constitue la pierre angulaire de ce type de prise en charge.
L’augmentation, année après année, du nombre de patients atteints de maladies chroniques, implique de se poser la question de la rémunération des kinésithérapeutes libéraux pour ce type de prises en charge. Compétences pédagogiques, savoir-faire, temps passé aux côtés du patient tout au long de sa maladie ne peuvent pas être bradés.
Un patient bien éduqué sera moins souvent hospitalisé. J’invite nos tutelles à se montrer à la hauteur des enjeux.
(1) Balcou-Debussche M. L'éducation thérapeutique : entre savoirs complexes, formateurs, apprenants hétérogènes et contextes pluriels. Recherche en Soins Infirmiers 2012;3(110):45-59.
© D.R.