NEURORÉÉDUCATION LOCOMOTRICE GLOBALE Une rééducation topocinétique pour les personnes neurodéficitaires (1ère partie)
Francis Laurent
Kinésithér Scient 2025,0671:21-31 - 10/01/2025
Dans les recommandations de juin 2022 pour la rééducation des hémiplégies chroniques adultes, seule la rééducation à la marche est de Grade A. Mais la Haute autorité de Santé ne précise ni les doses ni les méthodes à employer : correctrices ou compensatoires ? Jusqu'à la fin du 20e siècle, les méthodes de neurorééducation découpaient le geste en séquences motrices que les personnes neurodéficitaires devaient reproduire de façon typique ou standard. L'attention était sur la forme et on apprenait à la personne à lutter contre les compensations. Or, les personnes neurodéficitaires ne retrouvent pas les circuits synaptiques d'avant. La nécessité les contraint à auto-organiser le reliquat neuronal dans des synergies compensatoires. La neurorééducation locomotrice globale se définit alors comme une rééducation fonctionnelle où buts et moyens sont confondus.
L'attention est focalisée sur le but. Les personnes apprennent à s'habiller en s'habillant, à marcher en marchant et utilisent donc les compensations. L'enfant qui apprend à marcher améliore la qualité des pas par la quantité (7 à 8 000 par jour). C'est pourquoi, dès que les personnes neurodéficitaires parcourent 100 m à l'intérieur, nous leur demandons de sortir pour apprendre à faire 1 km à l'extérieur. Mais la marche compensée suremployée peut provoquer tendinites et rétractions. C'est pourquoi nous prolongeons la conquête de l'espace extérieur par l'usage de véhicules à propulsion humaine qui suppriment les chocs répétés des pas et le risque de chute. Nous proposons aussi des séances de locomotion dans l'eau.
Néanmoins, il convient de compléter la neurorééducation topocinétique globale par une rééducation morphocinétique séquentielle axée sur les corrections qui fera l'objet d'un prochain article.