Donner la main
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2013,0545:01 - 10/07/2013
Nous attendons tous la réforme des études de kinésithérapie avec une grande impatience, signe de notre volonté récurrente d’obtenir – enfin ! – cette année d’études supplémentaire qui nous placerait bord à bord avec les médecins.
Cette « réforme cathédrale » fait rêver tout le monde, et chacun tente de développer le modèle qui lui serait utile. Il me semble qu’il ne faut pas tout attendre d’elle. La réingénierie du cursus modifiera sûrement « l’étiquette masseur-kinésithérapeute », mais dans les cabinets, les patients n’auront pas changé. Aucune réforme des études ne modifiera le temps de consolidation !
Mesurer ce qui a été fait par le passé permet d'estimer la distance qui reste à parcourir. Ne misons donc pas tout sur cette réforme, et inspirons-nous également de ce qui a été construit, pas à pas, depuis des décennies : le nombre de nos années d’études a tout de même évolué favorablement ; notre école des cadres, en son temps, a permis de constituer un véritable corps enseignant. L’autonomie du professionnel se gagne petit à petit…
Au-delà du substrat théorique, le plus universel possible, sur lequel doit nécessairement reposer notre formation, sans doute le cœur de l’apprentissage repose-t-il aussi, sur ce « compagnonnage » à travers lequel est transmis le savoir-faire. C’est lui qui permet de transmettre l’art et la manière d’aboutir à un travail bien fait. « L’apprenant » doit semble-t-il désormais, être « accompagné dans l'épanouissement de son potentiel et son autonomisation ». Prenons garde à ce que la formation du futur professionnel ne consiste pas en l’application mécanique de formules pédagogiques hermétiques. Au terme d’« apprenant », je préfère le terme d’ « apprenti », qui se trouve progressivement transformé par le chemin proposé par le « maître ». Ce faisant, l’apprenti se débarrasse de la marque de fabrique de son maître pour concevoir la sienne, ce qui fait de lui un professionnel accompli.
Qu’est-ce qu’une transmission de savoirs réussie ? Pour moi, c’est de sentir que l’évolution de la profession sera poursuivie par d’autres mains.