Ne passez pas à côté d'une échelle !
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2013,0542:01 - 10/04/2013
Rien n’est plus simple que de mesurer la taille d’un individu. Une unité de base et une gradation suffisent. La toise serait ici l’instrument le plus adapté à la nature de ce qui est mesuré. Mais comment voulez-vous objectiver des concepts abstraits qui se manifestent concrètement ?
Lors de la Journée de l’INK qui s’est tenue au salon Rééduca de Lyon le 16 mars dernier, les experts ont déploré le manque d’études et d’évolution des recommandations en kinésithérapie… Souvent préconisées, les méthodes objectives d’évaluation n’ont cependant pu fournir assez d’éléments probants en vue de l’argumentation scientifique dans le cadre des référentiels.
Faut-il utiliser en kinésithérapie les nombreux instruments de mesure de l’état de santé et de son évolution ? Des échelles, des scores, des questionnaires, des items sont désormais recommandés et complètent désormais l’examen kinésithérapique.
Que les échelles d’évaluation soient génériques, spécifiques, qu’elles évaluent les déficiences ou la qualité de vie, elles objectivent et rendent accessibles au praticien l’impact des douleurs, l’incapacité physique sur la vie du patient.
« Mesurer pour objectiver » est toujours le principe d’un bilan. « Quantifier pour interpréter » devient celui de l’évaluation fonctionnelle, vécue et interprétée par le patient. Nous savons bien que ce qui ne peut pas être l’objet d’une observation directe et qui est propre à chaque patient, a un impact sur la mise en œuvre du traitement. Nous aurions torts de ne pas les utiliser. La comparaison des patients, l’interprétation et le partage des données recueillies ne peuvent que faire évoluer des pratiques en mal de normes.
Quantifier les symptômes en kinésithérapie et en rééducation fonctionnelle n’a pas pour but de produire des statistiques mais d’évaluer des changements de toute nature au cours du temps. L’objectivité permet au praticien de comparer des patients, de confronter sa propre pratique avec ses pairs, dans le cadre du DPC par exemple.
Mais demander aux intéressés leur avis sur leur état, les techniques employées et les bienfaits qu’ils en ressentent, se révèle être une évaluation incontournable pour objectiver les résultats obtenus en coopération avec eux. L’optique médico-économique, souvent cachée derrière les évaluations à grande échelle, ne doit plus nous faire peur. Nous avons encore tant de choses à prouver.
© D.R.