Intérêt de l'échographie dans le traitement du torticolis spamodique
Jean-Pierre Bleton
Kinésithér Scient 2014,0556:39-40 - 10/07/2014
Les dystonies cervicales, également appelées torticolis spasmodiques (TS), sont la localisation la plus fréquente des dystonies focales de l’adulte. Elles se caractérisent par la contraction soutenue, répétée et intermittente d’un ou de plusieurs muscles de la région cervicale. Elles sont responsables de postures anormales de la tête, parfois accompagnées de mouvements répétitifs.
Les muscles qui occasionnent le TS sont rarement situés d’un seul côté. Leur implication peut être isolée ou combinée. On peut observer les associations croisées les plus singulières.
Les protocoles thérapeutiques du TS sont de mieux en mieux codifiés. Les injections de toxine botulique (BoNT) en sont le traitement médical de première intention. Elles en ont modifié de manière spectaculaire la sévérité et le pronostic. Les protocoles de rééducation établis après un bilan clinique ont des résultats de plus en plus probants.
Les injections ont pour effet d’affaiblir les muscles dystoniques, et ainsi de faciliter le renforcement des muscles correcteurs de la position anormale par la rééducation. Leur efficacité repose sur la précision de la détermination des muscles dystoniques impliqués dans le TS.
La détermination des muscles dystoniques se fait cliniquement par une étude minutieuse des postures et mouvements du rachis cervical, en position assise, debout, les yeux ouverts et fermés, ainsi qu’à la marche car c’est souvent un facteur aggravant du TS.
Lorsque les mouvements sont complexes et les muscles impliqués difficiles à déterminer, ou que les résultats thérapeutiques sont peu satisfaisants, il est possible de s’aider d’un enregistrement électromyographique polygraphique (EMG) du mouvement anormal à l’aide d’électrodes de surface ou à l’aiguille.
La méthode EMG la plus couramment utilisée (appelée injection sous EMG) consiste à stimuler le muscle avec des aiguilles en téflon afin de pouvoir le localiser avec certitude avant de procéder à l’injection intramusculaire de BoNT. Le repérage est efficace mais parfois douloureux.
L’échographie constitue une méthode de choix dans l’étude des structures musculaires. Elle permet de visualiser les muscles à injecter, de demander au patient de les contracter pour les repérer avec encore plus de précision, et d’observer en direct si l’aiguille est bien dans le corps musculaire lors de l’injection.
Cette méthode utilisée pour localiser avec précision la zone du muscle à injecter est plus rapide et moins douloureuse que l’EMG. Il est également possible de voir les veines et artères à éviter pour ne pas créer d’hématome.
Parmi les différents muscles qui peuvent être impliqués dans la posture dystonique, l’action du muscle sterno-cléido-mastoïdien (SCM) frappe toujours davantage. Le large ruban sous-cutané de son corps charnu est facile à palper dans la région latérale du cou. L’échographie permet de voir avec précision les faisceaux (sternal et claviculaire) qui le composent (fig. 1).
Figure 1 Vue ultrasonographique transverse : scan du muscle sterno-cléido-mastoïdien (faisceaux sternal et claviculaire) |
Le muscle splénius capitis est impliqué dans de nombreuses formes de TS (torticolis rotatoire, latérocolis et/ou rétrocolis). Il est accessible à la palpation dans le fond de l’angle formé par les muscles SCM en avant et trapèze en arrière. L’échographie constitue une méthode de choix indolore ; elle permet de préciser sa localisation et diriger l’injection de BoNT (fig. 2).
Figure 2 Injection de toxine botulique dans le muscle splénius capitis |
En permettant de repérer le muscle avec précision, de s’assurer que la BoNT est bien injectée dans le corps du muscle dystonique, dont il est possible de connaître son volume et sa profondeur , l’échographie constitue une aide utile.
Si un injecteur expérimenté est capable de repérer cliniquement les muscles dystoniques, l’échographie est particulièrement appréciable pour repérer les muscles profonds et localiser les nerfs et vaisseaux.
© J.-P. Bleton