Le 3 février 1984, le médecin-conseil chef de service du contrôle médical et de réadaptation fonctionnelle de la région de Paris écrivait au secrétaire de l’Association française de lymphologie et de langue française. Ainsi, le Dr Cluzan se faisait confirmer le fait que le traitement des lymphœdèmes pouvait être assimilé à la rééducation d’un membre, et pouvait ainsi être pris en charge par l’assurance maladie.

Quel chemin parcouru en 30 ans que certains d’entre nous ont pu observer ?

Le traitement des lymphœdèmes n’est désormais plus assimilé à un autre, mais figure en bonne place de reconnaissance dans la nomenclature générale des actes professionnels. Que la reconnaissance financière soit à la hauteur du temps passé et de la finesse des techniques n’est sans doute pas au rendez-vous. Néanmoins, les patient(e)s peuvent être traité(e)s.

Le traitement des lymphœdèmes des membres a fait l’objet d’un texte de recommandations kinésithérapiques basé sur les faits publié dans cette revue en 2012. Nous savons quelles techniques utiliser et comment les mettre en œuvre. Leurs effets sont validés et mesurés. L’efficacité du traitement dans le cadre des lymphœdèmes du membre supérieur a fait l’objet d’une étude prospective multipraticiens qui a démontré la capacité des praticiens de ville à prendre en charge les patient(e)s qui en sont atteint(e)s.

De nombreux progrès restent à faire, notamment dans la prévention de cette affection et dans l’éducation thérapeutique du patient porteur de cette maladie chronique.

L’Association française des masseurs-kinésithérapeutes pour la recherche et le traitement des affections lympho-veineuses (AKTL) organise son congrès 2014 sur le thème des lymphœdèmes. Le but des échanges qui y auront lieu est de comprendre l’évolution des connaissances, en partant de l’histoire de cette affection décrite par les anciens par des descriptions surannées, pour aboutir aux notions de lympho-génétiques.

La description des traitements actuels, qui ont considérablement évolué, permet de comprendre leur mise en œuvre. Celle-ci s’est simplifiée et est totalement accessible aux kinésithérapeutes de ville.

Cette simplification permet aux patient(e)s
atteint(e)s de lymphœdèmes de ne plus être abandonné(e)s par absence de solution thérapeutique simple. Leur mode de vie se rapproche de la normalité. Un grand nombre d’interdits concernant les consignes à respecter pour prévenir leur apparition ou leur aggravation n’est plus d’actualité. L’activité physique et le sport leur sont accessibles. Leur qualité de vie est enfin améliorée.