Nous ne sommes pas des machines !
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2014,0558:01 - 10/10/2014
L’impression est toujours la même, chaque année, partagée par de nombreux confrères : parcourir les allées du salon professionnel, c’est avoir parfois le sentiment que le métier peut nous échapper. L’appareil de renforcement musculaire, par exemple, peut maintenant être utilisé par le patient « seul » puisqu’il s’adapte automatiquement à son profil. Les données volatiles de tel ou tel bilan fonctionnel peuvent être facilement partagées, donc interprétées par d’autres. Les feedback se développent, le patient s’autonomise.
Les jeunes professionnels ou les étudiants pourraient imaginer devant cette vitrine que la kinésithérapie se réduit à des choix d’outils ou à une simple fonction de contrôle. Non ! Le kinésithérapeute n’est pas qu’un gestionnaire de logiciels, de protocoles pré-enregistrés ou d’un parc d’outils technologiques.
Le mouvement lui appartient ; dans le cadre d’un traitement, il le restaure ; il peut maintenant très précisément évaluer ses composantes manquantes et suivre la progression de leur rétablissement. L’aide technologique a du bon !
Le geste, lui, appartient au patient. Plus la technologie saura s’adapter, plus elle lui sera utile ; la reprogrammation devient ciblée.
Alors, oui le kinésithérapeute doit rester maître à bord. Mais à quel prix ? Sachant qu'il doit faire face aux dictats de notre monde actuel : gain de temps, performance, rentabilité.
S’investir, le kinésithérapeute sait le faire. Investir pour se développer, il le fait quand il a confiance dans le matériel proposé et dans l’avenir. Mais au bout du compte, la main ne supplantera jamais l’homme. C’est de l’homme de l’art dont le patient a besoin, pas de son plateau technique.
1 Extrait de Le grand espoir du XXe siècle. PUF, 1949.