Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Information et/ou Formation professionnelle

Jean-Claude Ferrandez
Kinésithér Scient 2022,0645:01 - 10/09/2022

Nous ne finirons pas de parler du Covid-19 ; un virus ne disparaît pas, il se cache. Nous parlerons longtemps de ses effets délétères physiques et psychologiques sur les survivants.

Nous pourrions aussi parler chez les kinésithérapeutes d’autres effets secondaires ou effets d’à côté (Secondary effects ou Side effects). Dans ce contexte général difficile, si certains effets furent négatifs, certains furent positifs.

Parmi eux, il y en eut beaucoup : gestion de cabinet, sensibilisation extrême à l’hygiène, participation aux soins en réanimation, aux campagnes anti-Covid. Parmi eux, un effet particulier fut relevé de nombreuses fois : l’utilisation des moyens de communication via Internet. Ainsi, les plateformes de type Zoom ou autres autorisèrent le développement de communications virtuelles en groupe permettant d’associer des centaines de personnes pour des échanges professionnels. Moyens de communication connus auparavant mais faiblement utilisés, ils prirent une réelle ampleur et importance. De là, l’apparition d’innombrables webinaires permettant la diffusion de nombreuses informations professionnelles. Le e-learning a profité pleinement et de façon utile de cette dynamique enthousiaste. Il continue.

Vocabulaire :
Information ou Formation ?

Dans ce 21e siècle, tout va vite jusqu’à la prononciation des mots qui raccourcit tout. Les exemples en sont nombreux. Si bien que se carambolant dans l’esprit de certains, la confusion ou le leurre naissent entre « Information » et « Formation ».

Exemple vécu, dans les stages de formation continue, la première journée débute classiquement par un tour de table où chacun se présente. C’est l’occasion pour chaque participant de parler devant le groupe et d’expliquer pourquoi il a choisi le thème de la formation. Il précise s’il a déjà participé à une formation sur un sujet approchant. Les langues se délient et si l’on laisse volontairement à la personne qui parle, un silence, elle le remplit aisément. Deux types d’attitudes émergent. Pour certains et certaines, c’est l’occasion de dire que l’on débute sur le sujet. Aveu honnête et méritoire. Cela est parfois dit à voix basse avec des paroles lentes comme pour s’excuser habilement à l’avance de la maladresse que l’on pourrait avoir dans les travaux pratiques.

Pour d’autres, à l’inverse, c’est l’occasion de mettre en avant les formations réalisées précédemment. C’est affirmer publiquement que l’on a déjà un bagage sur le sujet. C’est alors attester d’une voix haute et assurée d’une pratique aguerrie. Certains pérorent et s’affichent référents sur le sujet de la formation. Ils affirment avoir suivi une formation très spécialisée. À la question « Laquelle et comment », ils répondent alors qu’ils ont participé à un webinaire...

C’est à cet instant que deux mondes de croyance se font face, que les cultures s’entrechoquent.

La confusion se fait sur une croyance d’acquisitions de compétences. Celles obtenues en regardant un écran d’ordinateur et celles des praticiens de la séquence filmée. Une conférence de la meilleure qualité, réalisée par l’orateur-formateur le plus compétent reste une conférence : un discours. Il s’agit d’une information sur un sujet. C’est la confirmation pour certains de ce qu’ils savent, pour d’autres un complément de connaissances ou une découverte. Ce mode d’information est important et nécessaire tout comme la lecture d’articles ou d’ouvrage. Ce type d’information à lui seul serait parfait et complet pour des professionnels dont l’exercice serait la philosophie, la psychologie, la chronique journalistique... Pour des métiers manuels tels la cuisine, la chirurgie ou la kinésithérapie, il n’est jamais suffisant, sauf à être kinésithérapeute les « mains en l’air ».

Malgré tout, dans notre profession, ce type d’information a un avantage. Elle permet de remplir au mieux notre tête par l’acquisition de savoirs théoriques. Il manque à cela ce qui se passe entre le cerveau et les mains : le geste. Cela passe nécessairement par une étape de formation pratique en présentiel. La réforme des études en réduisant le temps de pratique par pathologie, a imposé un temps important à la formation continue. En répercutant ce manque, loin de les concurrencer, les informations sur le Web et les webinaires ouvrent la porte aux formations présentielles en donnant envie d’y participer.

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