Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Savoir ou réfléchir ?

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2022,0642:01 - 10/05/2022

Vingt ans après la loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite loi Kouchner, l’exercice de notre profession ainsi que la relation aux patients ont été modifiés de façon significative. Les patients faisant état de leurs préférences, et s’impliquant davantage dans leur traitement, ils veulent s’appuyer sur un praticien expérimenté, pour améliorer leur qualité de vie.

Mais faut-il nécessairement, désormais, être expert pour soigner ?

Le kinésithérapeute se devait de donner une juste place aux aspirations des patients. L’Evidence-Based Practice en kinésithérapie s’est logiquement développée. Les attentes des patients prises en compte, le traitement atteindra ses objectifs si l’on s’appuie sur les preuves apportées par la science ainsi que sur son expérience clinique. Après avoir été clairement explicités, des objectifs thérapeutiques partagés entre le praticien et le patient concourent à la résolution des difficultés rencontrées par ce dernier.

Raisonner en tout état de cause

La décision est au centre du triptyque : informations scientifiques, expérience clinique et état bio-psycho-scocial du patient.

Les preuves scientifiques doivent être solides, avoir une cohérence argumentaire. C’est la manière dont elles sont élaborées qui fixe leur niveau. S’agissant de la kinésithérapie, le chemin va être long tant la réalisation technique qui implique le praticien en est dépendante. Explorons, approfondissons.

La pratique kinésithérapique à chaque fois particulière, presque singulière, s’appuie sur le raisonnement, le jugement, l’expérience mais aussi sur l’intuition pour décider de faire, de faire faire ou de ne pas intervenir.

Les savoirs et l’expérience laissent des traces

Nous sommes tous confrontés à la non concordance entre les plaintes du patient avec les signes sémiologiques et cliniques observés. Il s’agit bien de la nécessité d’identifier, donc de connaître les différents tableaux cliniques. Les éléments objectifs sont essentiels pour statuer. Quand ils sont absents, l’intuition alerte. Les savoirs restent fondamentaux.

Soigner s’apparente désormais à mobiliser le savoir scientifique, sans s’identifier à lui, en coopérant avec des personnes particulières. L’utilisation d’outils et de méthodes pour arriver à se forger une opinion éclairée est incontournable, mais le praticien doit aussi s’appuyer sur son expérience, produit des situations qu’il a rencontrées, pour favoriser sa réflexion, garantie d’une meilleure compréhension des problèmes dans des expériences ultérieures.

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