RÉÉDUCATION VESTIBULAIRE : des origines aux fondements neurophysiologiques
Michel Lacour
Kinésithér Scient 2022,0641:29-41 - 10/04/2022
Deux médecins anglais, Cawthorne et Cooksey, établirent un programme de réhabilitation pour des soldats anglais atteints de commotion cérébrale lors de la Seconde Guerre mondiale. Ils le soumirent à des patients souffrant de la maladie de Ménière qui présentaient une symptomatologie similaire (vertiges, désordres oculomoteurs).
Les bases neurophysiologiques de la rééducation vestibulaire découvertes à la fin du XXe siècle chez des modèles animaux attestent de la modernité du programme qu'ils proposèrent à l'époque. Les mécanismes de neuroplasticité responsables de la restauration des fonctions vestibulaires dépendent de la nature de la déafférentation (partielle vs totale, soudaine vs progressive), du temps écoulé après l'atteinte vestibulaire (notion de période sensible post-lésionnelle) et des interactions dynamiques du patient avec son environnement (notion de plasticité neuronale dépendante de l'activité). Appliqués à la rééducation vestibulaire, ces concepts clés soulignent l'importance d'une rééducation précoce (earlier is better), active et diversifiée (neural plasticity is activity dependent), afin de restaurer ou compenser de façon optimale les 3 principaux composants (postural, oculomoteur et perceptif) du syndrome vestibulaire.
Des publications récentes en pathologie vestibulaire montrent que la nature même des processus de compensation (restauration vs adaptation) dépend aussi du degré initial de perte vestibulaire et du programme de réhabilitation utilisé.