Quand le bio s'invite
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2021,0637:01 - 10/12/2021
Les évolutions sociétales ces dernières années ont eu des impacts sur notre exercice. Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, les regroupements entre soignants de ville dans des maisons de santé témoignent de la volonté de se parler et de s’organiser autour du patient et de lui garantir un meilleur service rendu.
Notre pratique clinique, de tout temps, adapte le traitement aux caractéristiques physiques et fonctionnelles du patient et de sa maladie. C’est aussi la caractéristique de chaque pathologie qui guide notre approche : les maladies aiguës et les maladies chroniques s’opposant par leur évolution. Nous savons que les premières ont plus de chances de guérison, et que les secondes vont connaître une évolution au long cours, avec un degré plus ou moins satisfaisant d’amélioration. Nous sommes tous soucieux de réduire les incertitudes dans le choix de la méthode ou des techniques utilisées nous anime tous.
Le modèle biopsychosocial proposé par George Libman Engel, médecin psychiatre, il y a déjà 40 ans, revient à l’ordre du jour. Le patient prend une part de plus en plus active dans son traitement. Ses attitudes, ses croyances et ses attentes occupent une grande place. L’éducation thérapeutique est développée. Les dimensions biologique, psychologique et sociale sont abordées de manière simultanée. Les modalités « traditionnelles » visant à modifier des paramètres physiologiques restent heureusement présentes.
Les tenants des théories sociales de l'éducation trouvent plus efficace que l’approche biomédicale, qui a pourtant fait ses preuves.
Héritière des progrès de la science et de la médecine, et forte de son expérience, la kinésithérapie doit-elle se plaquer sur le modèle biopsychosocial ? Le modèle est-il un guide de vérité univoque ?
Ne pas opposer ces deux approches mais plutôt les réconcilier apportera, à mon sens, ce dont doit bénéficier tout patient : une pratique kinésithérapique personnalisée s’appuyant sur la preuve, l’avenir étant à la prédiction et à la prévention, grâce notamment aux données, souvent générées par les patients eux-mêmes.
Notre bon sens et notre raisonnement nous guident. Ne nous réinventons pas, poursuivons notre évolution !