Paroles d'experts
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2015,0563:01 - 10/03/2015
La diffusion du savoir sur des sites Internet dédiés à la santé se révèle être une source d’information et de formation qui, à bien des égards, modifie le regard de la population et des patients envers l’univers de la santé. Il faut tenir compte de cette modernité technologique. C’en est fini des recettes « à l’ancienne » ! Qui irait se faire opérer dans un hôpital possédant les techniques du siècle dernier ?
Pour le grand public, il est très aisé de s’informer sur ce qui aide à préserver sa santé, la nutrition, la forme physique, par exemple, grâce au web. Une institution et pas des moindres, l’Assurance maladie, a même développé à travers le « coaching santé active » en ligne des programmes concernant le cœur, le dos… Qu’il soit virtuel ou non, le coaching sensiblise l’assuré sur les facteurs de risque et les bons réflexes à acquérir. Mais entraîner (to coach) n’est pas accompagner, ce que pratique le kinésithérapeute au quotidien. Ah, si le kinésithérapeute pouvait être incontournable !
Le « patient internaute », lui aussi, bénéficie de la diffusion du savoir pour se documenter. Mais à son niveau, c’est pour investir sa maladie qu’il clique. Il peut alors mieux comprendre ce qui lui arrive et mieux se prendre en charge. Certains sites développent l’interaction, ce qui permet la délivrance d’une information adaptée à ce que cherche l’internaute. Il est plus facile de s'approprier ce genre d'information « sur mesure », et l'internaute peut aussi partager et échanger avec ses pairs.
De la santé à la médecine et à la kinésithérapie, il n’y aurait donc qu’un pas – ou qu’un clic ? Doit-on craindre qu’un professionnel de santé puisse être concurrencé, voire remplacé, par des systèmes d’information numériques ? Bien sûr que non. À nous de composer avec les effets produits sur le patient internaute, par les différents vecteurs d’information santé en ligne. Un patient mieux renseigné avant une première séance, c’est peut-être du temps gagné !
Le statut d’ « expert profane », reconnu au patient, atteste qu’il faut prendre en compte et respecter l’expérience et les facultés perceptives qu’il a de son affection. Cependant le « patient-expert » ne l’est que de lui-même. Il ne peut pas connaître toutes les facettes de l’évolution, et des futures adaptations de traitement, que seul un professionnel pourra choisir.
Sachons nous défier du modèle de patient que l’e-santé pourrait nous imposer : un « patient informé, expérimenté et éduqué »… Nos compétences feront la différence !