Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

Diagnostic partagé

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2019,0613:01 - 05/10/2019

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le 9 septembre qu’à partir de fin 2019, les patients souffrant d’une lombalgie aiguë ou d’une entorse de cheville pourront accéder directement à des kinésithérapeutes impliqués dans des protocoles de coopération. Cette annonce vise, avec d’autres, à désengorger les services d’urgences(1).

L’Ordre et les syndicats réclamaient cet accès direct depuis plusieurs années. Le kinésithérapeute pourra donc poser un premier diagnostic et orienter le patient vers un médecin, le cas échéant.

On peut cependant s’interroger sur la particularité de cette annonce : quel patient peut savoir, avant un diagnostic, qu’il présente une bien une entorse (ou une simple lombalgie aiguë) ?

Cette mesure va redéfinir les contours du métier. Le manque de prescripteurs fait que dans les zones sous-dotées en médecins, il est plus difficile d’avoir accès à une consultation médicale qui donnera lieu à une prescription de kinésithérapie, qu’à un kinésithérapeute. Alors que chez certains non-professionnels de santé, les patients bénéficient d’un accès direct, il est légitime qu’une profession de santé soit reconnue dans son utilité et appelée à collaborer, au moment où le système souffre.

Indépendants ou interdépendants ?

Ce sont donc de nouvelles compétences partagées avec les médecins qui sont autorisées aux kinésithérapeutes. Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) seront logiquement en première ligne pour s’investir dans les protocoles de coopération. Le cadre réglementaire devenant le délégué d’un déléguant, nous nous affranchissons quelque peu de la tutelle médicale… tout en nous rapprochant d’elle !

Pour les deux situations précises envisagées par la ministre, les prises en charge vont se décloisonner dans un cadre légal. Il ne s’agit pas d’un ajout d’acte technique qui est demandé au kinésithérapeute, mais d'une compétence clinique. Le bilan diagnostic kinésithérapique obtient ainsi ses lettres de noblesses.

Mais chacun garde sa place, le médecin traitant et le kinésithérapeute consultant et traitant… car ils partagent tous les deux la prise en charge du patient.

(1) Discours d’Agnès Buzyn - Pacte de refondation des urgences 09/09/2019

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