Bien soignés !
Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2019,0608:01 - 10/04/2019
L’année 2030 semble être la nouvelle échéance des progrès thérapeutiques du futur. Les diagnostics, les thérapies, l’accompagnement de la qualité de vie des patients vont subir des transformations. La santé de demain sera impactée par les changements sociétaux que nous vivons aujourd’hui. C'est pour cette raison que tout le système doit commencer à s’adapter.
Le leem(1) vient de publier son analyse prospective pour relever les défis de la santé de demain. Il prévoit une évolution favorable au plan thérapeutique, préconise un accroissement des investissements en santé, considère que les territoires devront s’organiser pour sanctifier la place d’un patient de plus en plus autonome au cœur du système de santé.
On va guérir des maladies chroniques, mais chroniciser des maladies mortelles
Les kinésithérapeutes ont toujours été en prise directe avec les modifications sociétales. Nous accompagnons déjà le défi que représente le vieillissement de la population et ses corollaires : la perte d’autonomie ainsi que les polypathologies. L’enjeu des prochaines années sera de répondre à l’augmentation des patients atteints d’affections de longue durée, puisqu’on projette que 1,5 million de personnes âgées seront dépendantes.
L’individu qui prend soin de sa santé, qui « s’auto-consulte » en ligne et se mesure peut aussi appartenir aux communautés des réseaux sociaux qui sont devenues des références imposant peut-être leurs repères ; tout cela transforme aussi l’approche que doit avoir le thérapeute vis-à-vis de son patient : nos propositions thérapeutiques se modifient et sont de plus singulières. Les traitements, au sens large du terme, deviendront plus ciblés et au cas par cas ; surtout pour le « médicament service » dont l’efficacité sera suivie.
La prévention, à laquelle les kinésithérapeutes participent de plus en plus largement, est alimentée par l’approfondissement de la compréhension des maladies. D’ici 2030, la collecte de données et l’intelligence artificielle permettront de connaître les facteurs de risques des maladies neurodégénératives, par exemple, grâce aux analyses sur de larges cohortes. Il faudra savoir repérer pour anticiper. Les innovations de rupture vont logiquement se développer.
Des parcours pluriels
Le monde change... parce que nous changeons ! Dorénavant parcours de soins, de santé et de vie sont intriqués. Les parcours de soins seront construits par pathologie. L’activité professionnelle est donc aussi amenée à changer, d’autant que l’opinion des patients sera systématiquement recueillie sur les résultats des soins ainsi que la manière dont ils les ont vécus.
L’individu-citoyen-patient confronté aux robots en santé prendra-t-il le pouvoir ? Aux professionnels de continuer à prodiguer des soins efficients en développant leur valeur ajoutée.
(1) Les entreprises du médicament (leem). Santé 2030. Une analyse prospective de l'innovation en santé. 14 mars 2019 : www.leem.org