Le mensuel pratique et technique
du kinésithérapeute

La kinésithérapie faire avec ou sans ?

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2018,0602:01 - 10/10/2018

Nous sommes près de 90 000. Ce qui nous unit, c’est la passion de soigner les patients, de participer à la récupération de leurs fonctions mais aussi d’accompagner ceux qui ne guériront pas. Ils disent qu’on leur fait du bien. Au quotidien, nous savons que nous sommes utiles. Mais dans 4 ans, c’est le patient, mis au centre du Plan santé*, et l’Assurance maladie qui auront indirectement leur mot à dire sur notre utilité. Le plan « Ma santé 2022 » impactera certainement notre exercice professionnel.

De la prévention au soin
Ce projet de transformation du système de santé devrait « permettre au patient de se repérer plus facilement dans ses parcours, et lui garantir une prise en charge continue de santé, de la prévention au soin ». Notre décret de compétences intègre déjà les différentes actions de prévention et de dépistage auxquelles le kinésithérapeute peut participer. Ce pan de notre activité augmente, il va devenir pour la kinésithérapie ce que la parapharmacie a permis au pharmacien : trouver un moyen de développer son activité sans prescription.

Qualité et pertinence...
Le professionnel va devoir composer de plus en plus avec les dimensions d’efficacité, d’équité et de sécurité du soin. Sommes-nous toujours certains d’utiliser des « soins dont on a apporté la preuve qu'ils fonctionnaient » ? On le constate, il faudra le prouver.

Pratiquons-nous toujours des « soins qui répondent aux besoins et aux préférences des patients » ? Cette exigence est l’ADN de chaque praticien, il ne peut que centrer son intervention sur le cas qu’il a entre les mains. Cependant, avec des agendas chargés, des collaborateurs difficiles à trouver, la difficulté, voire l’impossibilité d’être disponible pour tout le monde ne permet pas toujours de donner des soins en temps opportun.

L’exigence de qualité de la prise en charge du patient nous impose de lui prodiguer uniquement des « soins qui le protègent d'erreurs et de dommages ». Ceci n’impacte heureusement pas le bien fondé de notre action. On demande donc au professionnel d’être capable d’argumenter ; ce que nous faisons au travers du bilan.

S’organiser autrement...
Alors que nous devrions vivre une accélération numérique, notre manière d’écouter, d’observer, d’examiner, d’élaborer une stratégie pour soulager et de faire réaliser le traitement sera-telle différente ? Lors du colloque singulier, sûrement pas. Mais les modes de prise en charge se réformeront, dans le cadre d’un forfait par exemple. Notre approche sera, alors, structurée différemment.

Octobre 1946 / Octobre 2022 : quoi de neuf ? Des professionnels plus nombreux ? Certainement. Une demande de soins plus élevée ? Également. Une juste prise en compte des efforts du soignant pour une meilleure rémunération ? Restons sur nos gardes : une exigence de qualité des soins accrue impliquera sans doute une baisse la quantité.

La place du kinésithérapeute évoluera sûrement au sein du « nouveau » système de plus en plus préventif. « Le temps de la maladie » n’est pas révolu, loin de là. Celui de la prévention sera cependant dans tous les esprits. Sachons une fois de plus nous adapter.

* Ma santé 2022 : un engagement collectif. Ministère des Solidarités et de la Santé.

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